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Violences policières : Prise de parole étudiante

Louise, étudiante de 22 ans en Arts Plastiques à l’Université de Lille, a choisi, dans le cadre de l’un de ses cours, de produire une vidéo sur le modèle du ciné-tract (entre 3 et 5 minutes) sur le sujet des violences policières, qu’elle a intitulée Le Peuple Aujourd’hui. Le ciné-tract est un support prédisposé pour évoquer des sujets politiques et militants (violences policières en l’occurence, EPHAD, violences conjugales…).

  • Pourquoi avoir choisi ce sujet ?

Je vois les traces de la manif dans la ville quand je vais travailler, j’ai des amis qui vont en manif et qui me racontent leur expérience, et j’entends souvent parler dans les médias et journaux de ces débordements. J’ai l’impression que c’est un problème à grande échelle, c’est pour ça que je voulais en parler.

  • Avez-vous l’habitude de porter des projets engagés ?

Pas avant récemment, je ne suis jamais allée en manif par exemple, mais j’éprouve un réel intérêt pour la grève actuelle. À force d’en entendre parler on se rend compte de l’ampleur. La police est censée être sécurisante, et aujourd’hui on ne se sent pas protégé par elle. De manière générale, je produis plus de travaux engagés en vidéo que pour les autres projets.

  • D’où viennent les images ? Comment les avez-vous choisies ?

La plupart des images, je les ai trouvées sur YouTube, sourcées ou non et sur quelques vidéos de chaines d’information. J’ai choisi des images en majorité amateures, j’avais la volonté de garder une mauvaise qualité pour générer l’impression d’être au coeur du phénomène. J’avais choisi de prendre Edith Piaf en bande son avant de choisir les images, je les ai donc sélectionnées en fonction de la musique et des paroles.

  • Y a-t-il des images qui vous ont plus touchées que d’autres ?

J’ai volontairement pris des images de causes internationales pour montrer le caractère universel des violences policières. Tous les pays et toutes les causes sont mises au même plan dans ce travail.

A la fin de la vidéo, je prend l’exemple de Rémi Fraisse, ce qui a été ironique puisque le non lieu a été déclaré le lendemain du jour où j’ai terminé la vidéo. Au final, qu’on sache ou pas qui c’est n’a pas d’importance, ça pourrait être Steve ou un autre cas : encore une fois, c’est une image à caractère universel.

J’ai été particulièrement touchée par les images de cortège qui ne fait que marcher et d’un geste, ça part en quelque chose de super violent. On sent dans ces images que les tensions déjà présentes avant la manifestation s’expriment d’un coup.

  • Quelle place donnez-vous à la musique dans ce travail ? Pourquoi cette musique en particulier ?

L’introduction me fait penser au burlesque, au joyeux, ce qui correspond à ma vision du ciné-tract comme quelque chose qui fonctionne par contraste. Une musique dramatique aurait alourdi le sujet. Je vois la manifestation comme une forme de rencontre violente donc j’introduis l’aspect ironique par la bande son. J’ai fait attention à la concordance entre les plans et les mots de la chanson, ce qui amène à la fois le rire et permet la prise de conscience.

  • Êtes vous personnellement mobilisée pour une cause ?

Au sein de la grève actuelle, j’étais présente à l’inauguration de l’atelier des grévistes à Lille 2. À la suite de cet événement, j’ai voulu organiser une réunion sur la réforme afin d’informer et de mobiliser les étudiant.e.s de mon propre campus. Ca n’a pas été un franc succès, mais il s’en est suivi une assemblée générale du Département Arts Plastiques organisée par les professeurs. De nombreuses idées en ont émergé : création de pancartes, création d’une page Facebook et d’une newsletter… Personnellement, j’ai au l’occasion de participer à la création des affiches à l’occasion de la grève du 5 mars.

  • Vous sentez-vous touchée par la mobilisation actuelle en France ? Pourquoi ?

Depuis plusieurs années, je suis dans le flou quant à mon avenir professionnel. J’ai du mal à me projeter dans l’avenir. Je pense beaucoup au fait de ne pas savoir ce que je vais faire tout en ayant l’obligation d’avoir des diplômes pour espérer avoir un travail qui me plaît, tout en sachant que ce ne sera probablement pas le cas. (triangle flèches) Dans ce cadre, le passage de lois comme la LPPR ou la réforme des retraites (qui suivent des réformes plus anciennes comme Parcoursup) m’angoisse quant à la future précarité que ça sous-entend, et j’ai l’impression que si on laisse passer ces réformes, on continuera de les laisser passer et de les subir toute notre vie. À l’échelle universitaire, je n’ai pas envie que la fac devienne morne, c’est pour ça que je suis heureuse que le campus de Tourcoing se redynamise via la création de workshops ou de modèles vivants. Ce genre d’actions permet d’éviter de considérer uniquement la fac comme un lieu de consommation de savoirs, mais bien comme un lieu de vie et de partage.