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Projet de loi

La réforme des retraites : où en est-on ?

La réforme des retraites imaginée par le gouvernement inquiète et divise la population. Son contenu, au premier abord flou, a provoqué de vives contestations. De même, l’utilisation de l’article 49.3 a suscité de nombreuses critiques.

En raison de la crise sanitaire, les discussions sur la réforme des retraites à l’Assemblée Nationale se sont arrêtées, remplacées par celles pour la lutte contre la Covid-19. De ce fait, la date de l’adoption de cette loi est, à ce jour, incertaine. Certaines rumeurs évoquent même un possible abandon du projet.

Le 29 février 2020, Édouard Philippe utilise l’article 49.3 de la Constitution qui permet de faire voter plus rapidement une loi, en l’occurrence la réforme des retraites. En effet, à cette période, les débats stagnent à l’Assemblée et la date de vote est sans cesse repoussée en raison du nombre d’amendements à examiner. 41 000 amendements ont, en effet, été déposés dont 23 000 par le parti de la France Insoumise : une tentative d’obstruction parlementaire selon la majorité. La réforme des retraites proposée par le gouvernement divise la population, l’opposition mais aussi la majorité. Alors qu’en février, deux députés LREM, Emilie Cariou et Laurent Saint-Martin, ont demandé dans une lettre au Premier ministre plus de transparence sur le coût de la réforme, quatre autres ont publié une tribune dans laquelle ils s’opposaient fermement à l’utilisation de l’article 49.3. 

Depuis le rapport Delevoye, publié en juillet 2019, la réforme des retraites cristallise des tensions historiques. La mise en place d’un régime universel par points par le président de la République ne fait pas l’unanimité. En décembre, la divulgation des grandes lignes de la réforme a mis le feu aux poudres et a lancé un mouvement de grève massif. Le 5 décembre, la France est à l’arrêt. Les étudiants, les cheminots, le personnel soignant, la RATP, les avocats, les libéraux, les pilotes sont dans la rue pour s’opposer au projet. A la SNCF, le plus long mouvement de grève jamais recensé est enregistré avec trente-sept jours de lutte. De manière générale, les manifestations ont duré jusqu’à l’annonce du confinement malgré une perte d’intensité. Au gouvernement, la réponse a d’abord été ferme mais peu à peu des concessions ont été faites, notamment pour les policiers, les gendarmes, les militaires ou encore pour les avocats qui ont obtenu de conserver leur régime indépendant.

De toute part, la réforme est critiquée. Pour certains syndicats de travailleurs, elle est inacceptable. A la Confédération française démocratique du travail, l’idée d’un système de retraite universelle est appuyée, mais le rallongement de l’âge de départ en retraite restait une “ligne rouge” à ne pas franchir. Une menace dont le gouvernement s’est affranchi en inscrivant dans l’avant-projet de loi un âge pivot à 64 ans. Un départ avant cet âge entraînerait alors une décote de 5 % sur la pension. La conférence de financement, organisé par le gouvernement avec les partenaires sociaux dans le but de trouver un arrangement pour faire des économies sans rallonger l’âge de départ a été mis en place, en vain, puisque la Confédération générale du travail et Force ouvrière ont décidé de claquer la porte des négociations. Gonflant les revendications de la rue, le Conseil d’Etat a rendu le 24 janvier 2020 un avis très critique sur la réforme des retraites en dénonçant des “projections financières lacunaires” enterrant tout espoirs d’apaisement.