Catégories
Actions

Confinement et violences intrafamiliales : de numéros en plateformes, le numérique omniprésent

En France, environ 200 000 femmes sont confinées avec un conjoint violent. Pendant cette période, les ressources numériques sont les principales alliées des autorités et des associations pour agir et les protéger.

Une configuration inédite propice à l’explosion des violences

  Les femmes, les enfants et les jeunes LGBT+ sont les principales victimes des violences intrafamiliales que favorise le confinement. Tout enfermement en huis clos génère des tensions. Lorsque celui-ci est contraint par des circonstances angoissantes telles qu’ici, les précautions à prendre contre le Covid-19, la sphère intime du foyer devient un

« terreau propice aux violences ».

– Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.

En 10 jours, les violences conjugales recensées ont augmenté de 32%. Le bandeau de BFMTV diffuse en boucle le numéro 3919, destiné aux femmes victimes. Marlène Schiappa et Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, rappellent les outils numériques renforcés pour lutter contre ce fléau à chacune de leurs interventions. Le 114, habituellement destiné aux personnes sourdes et malentendantes, élargi sa réception aux femmes victimes pour qu’elles puissent demander de l’aide et se signaler par SMS, si elles ne peuvent pas passer d’appel. Un nouveau numéro de téléphone est créé, cette fois-ci destiné aux personnes violentes : le 0801901911. La mise en place de cette nouvelle plateforme téléphonique est un outil supplémentaire qui inverse la tendance : plutôt que d’alerter une fois des violences commises, ce sont les potentiels agresseurs qui peuvent prévenir leurs gestes.

L’éducation nationale joue aussi un rôle capital, mais sous-jacent, contre la maltraitance des enfants. Les CPE, professeurs référents et autres coordinateurs désignés contactent les familles pour s’assurer de la « bonne continuité pédagogique » de leurs élèves. C’est aussi une façon de prendre la température, de cerner l’ambiance qui règne dans un foyer, et l’urgent besoin pour l’enfant, ou non, de retourner en classe dès le déconfinement. Le logiciel de vie scolaire Pronote présente le 119, « Enfance en danger », sur son interface.

De l’espace l’intime au sujet de société: une nécessité

Les voisins partagent le quotidien les uns des autres. La crise sanitaire impose une responsabilité civique et individuelle : il n’y a plus de prétexte pour ne pas intervenir lorsqu’on soupçonne un cas de violences dans son entourage. Les services publics sont mobilisés mais tous misent sur des outils numériques pour prévenir ces dangers : téléphones, sites, plateformes. Cela fonctionne partiellement : Marlène Schiappa a noté 5 fois plus de signalements sur la plateforme gouvernementale arretonslesviolences.gouv.

Malheureusement, les victimes de violences intrafamiliales sont souvent privées d’un libre accès aux technologies. Les associations tentent d’agir sur le terrain pour y remédier. Nous Toutes propose des formations en ligne de 2h30 plusieurs fois par semaine, en direct, menées par la fondatrice Caroline De Haas. Son slogan :

« Il est déconseillé de sortir. Il n’est pas interdit de fuir. »

Chaque formation donne les bases pour recueillir la parole des victimes, avoir le discernement nécessaire pour distinguer le conflit de la violence et accompagner les victimes dans leurs éventuelles démarches. S’adapter aux contraintes sanitaire passe aussi par des campagnes d’affichage, des points d’écoute dans les centres commerciaux, des codes en pharmacies et des partenariats avec des hôtels.

D’un fléau intime qui se développe dans la sphère familiale, on passe à une considération nationale et publique. Le système d’alerte en pharmacies repose, par exemple, sur un partenariat avec l’Ordre des Pharmaciens. Le numérique ne peut pas palier toutes les urgences à l’échelle locale. Les élus doivent prendre des initiatives communales pour garantir la sécurité de leurs citoyens pendant le confinement.

Jeanne Fourneau, Claire Ferragu, Valentine Ulgu-Servant