Depuis quelques semaines déjà, nos vies ont considérablement changées. Notre liberté s’est arrêtée aux seuils nos maisons, nous obligeant à réduire nos contacts avec le monde extérieur. Cette vision surréaliste, qui nous semblait encore impensable il y a quelques semaines, est devenue notre quotidien. Un quotidien bouleversé où le temps semble s’être arrêté, où chaque jour se ressemble.
Ce confinement tient son origine d’une crise sanitaire sans précédent, qui en s’abattant sur le monde, a changé nos perceptions quotidiennes, en nous recentrant sur l’essentiel. Nous n’abordons pas tous cette crise de la même manière. Alors que beaucoup ont été appelés à se confiner pour se protéger, en travaillant de leur domicile à distance, de nombreux citoyens.ennes travaillent eux en se confrontant à l’extérieur, au risque de leur vie. C’est le cas des métiers essentiels au fonctionnement de nos sociétés : les infirmiers.ères, caissiers.ères, éboueurs.euses, livreurs.eses à domicile… En première ligne, ils assurent continuité et stabilité à nos besoins essentiels, qui eux, ne s’arrêtent jamais.
Dans une société toujours plus productive, qui prône une importance toute particulière aux métiers favorisant l’accumulation du capital, de nombreux métiers sont invisibilisés. Ils sont invisibilisés et dénigrés car ils sont considérés comme accessibles, loin du prestige et de la reconnaissance sociale. Accessibles certes, mais indispensables. Alors que l’économie mondiale va au ralenti, la santé de tous est devenue une priorité universelle, loin de tout profit. Un renversement s’est alors opéré, attribuant un nouveau respect et une nouvelle dignité à ces métiers de l’ombre, qui risquent leur vie pour la notre chaque jour. Les infirmiers.eres, délaissés par l’Etat depuis plusieurs années, les métiers du care (aides soignants.tes, aides à domicile, auxiliaires de vie)majoritairement représentés par des femmes, les métiers de la production (caissiers.ères, livreurs.euses, éboueurs.euses) etc. Des métiers souvent exercés par des femmes, souvent considérés comme peu ou non qualifiés, pour la plupart mal payés. Ils marquent paradoxalement le socle et les fondements de la société, de son fonctionnement à sa survie. Sans eux, nos vies seraient finalement à l’arrêt voire évidemment en déclin.
Au front, les métiers du care. Infirmières, aides soignantes, femmes de ménage etc. Des métiers qui subissent actuellement une pression d’autant plus importance. Des métiers sociologiquement réalisés par des femmes, telle une continuité de ce qu’elles faisaient autrefois dans l’espace domestique et pour lesquels elles n’étaient pas payées et reconnues. Ces métiers ne nécessitaient aucune aptitude particulière, étant le produit de qualités dites « féminines » tel que le soin et la bienveillance. Normalement méprisées, elles se révèlent ici essentielles et indispensables. Alors qu’Emmanuel Macron avait affirmé durant son discours que nous étions en guerre, ce ne sont pas des soldats qui se trouvent en première ligne mais bien des professionnelles du care, qui mérité aujourd’hui, et plus que jamais, d’être reconnues.
La crise sanitaire nous a alors fait prendre conscience de l’importance de ces professions qui, loin de leur rémunération conséquente, sont d’utilités sociales primaires. La hiérarchie de reconnaissance s’est alors inversée, saluant leur bravoure face à cette situation inédite qui les met en danger au quotidien, cela dans le but d’assurer notre survie. Une reconnaissance actuelle, une prise de conscience collective, qui n’est apparue qu’en temps de crise et qui, nous espérons tous, perdurera. Et s’il fallait vivre en des temps si difficiles pour se recentrer sur l’essentiel, pour réaliser l’importance des individus tels qu’ils sont, loin de toute hiérarchie ?
Sources
(Article rédigé par M. Dumont)