Écrit par @Morceaucanap et @Lenny
Durant les dernières manifestations, les black blocs ont particulièrement été mis en avant via des destructions massives qu’ils ont perpétré. Il sont cagoulés et vêtus de noir, ce qui leur permet à la fois d’avoir un moyen d’identification entre eux et par le monde qui les entoure mais aussi et surtout d’assurer l’anonymat. Il sont parfois des centaines dans les manifestations à former un groupe qui viendra faire des graffitis, détruire ou piller des banques, assurances, publicités ou toutes grosses autres entreprises capitalistes et en lien direct avec des injustices sociales. Ces actions engendrent des affrontements souvent violents avec la police. Si certains membres des black blocs provoquent directement la police en lançant des projectiles, il ne faut pas généraliser comme certains médias peuvent le faire.
Cette figure de la rébellion est souvent montrée dans des articles, lives ou reportages comme des individus violents, qui cassent pour casser et obligent l’Etat à investir de l’argent dans des multiples réparations. Effectivement, on montre toujours l’acte et ses conséquences matérielles isolées, sans prendre en considération la motivation de cet acte. Ainsi le groupe de personnes appelé black blocs est directement assimilé à un groupe dangereux – et parfois même à une organisation terroriste – qui effraie les autres manifestants et qui abîme les biens publics. De plus, les médias mettent en avant des manifestations non violentes ou des actions de désobéissance civile pour montrer qu’il est possible de se faire entendre sans casser des vitrines ou chercher quelconque altercation avec les forces de l’ordre. Cette comparaison de deux modes de manifestations décrédibilise et diabolise de nouveau les actions menées par les blacks blocs. Si ce groupe peut être perçu comme une masse de personnes violentes vêtues de noir, il ne faut pas oublier que ce sont avant tout des individus qui militent pour une cause (souvent commune). Derrière cet apparat on retrouve des “anarchistes, des communistes, des écologistes, des féministes et des queers, des sociaux- démocrates en colère, des étudiants, des occupants de petits boulots” et une multitude d’autres personnes de tout âge et condition sociale. Si leurs actions sont brutales dans le sens où il y a un impact matériel concret, ce ne sont pas n’importe quelles institutions qui sont visées mais bien des lieux où les injustices sociales se font ressentir telles que les banques, assurances, grands commerces…. Ces dégâts sont des dommages matériels qui ont pour but de de déranger les hautes institutions capitalistes et de rendre visible leurs discours qui préconisent des changements dans notre société. Pour eux, le recours à la violence est nécessaire dans le sens où le nombre de manifestants et les slogans frappants utilisés dans les manifestations ne suffisent pas à faire changer les choses. Néanmoins chaque individu est libre d’avoir ses propres convictions et de lutter de la manière dont il le souhaite, en transgressant ou non la Loi …… > Il est toutefois important de se souvenir que les actions violentes sont réprimées par la loi.
Toutefois, si on regarde vers le passé des manifestations politiques, on constate que le type de violence utilisé est bien souvent plus politique et symbolique que corporel. “[La tactique des Black Blocs] est apparue en Allemagne de l’Ouest vers 1980, dans le milieu de la contre-culture des squats où se retrouvaient qui voulaient vivre et s’organiser en marge de l’Etat et du capitalisme.” A cette époque, ces Blacks Blocs luttaient en manifestation contre la production d’énergie nucléaire et contre les néo-nazis. Mais désormais, que ce soit à Hong Kong, aux Etats-Unis, au Brésil, chaque pays a ses propres Black Blocs, la technique est simple, il ne suffit que de s’habiller de noirs et de participer aux manifestations.
D’ailleurs la plupart des médias qui construisent cette image filment, photographient ces individus sans leur laisser la parole dans l’espace public. Ces êtres cagoulés prennent alors l’apparence de corps dépourvus de pensées, d’idées, de conscience. Le groupe est vu comme une masse, un bloc, alors qu’avant même de former un groupe, ce sont plusieurs individus isolés qui se rassemblent. Ils sont d’ailleurs régulièrement en tête du cortège, solidaires et sont force de propositions à la mise en place d’actions. Les Black Blocs fonctionnent sans hiérarchie et se regroupent le temps d’une manifestation : avant l’événement, il n’existe pas et après l’événement, il n’existe plus.
“ « Défendons Hongkong ! Battons-nous pour la liberté », scandaient les manifestants dimanche, pour la plupart vêtus de noir, et masqués afin d’éviter d’éventuelles poursuites ultérieures.”
Pour approfondir
Description des Blacks Blocs dans le cadre de l’organisation du G7 à Biartiz : https://www.arte.tv/fr/articles/etre-black-bloc
Infos ou Intox sur la figure du Black Blocs : https://www.strasbourg-montagneverte.fr/pages/dossiers/dossier-black-blocs-la-verite.html
Description de la stratégie Black Blocs utilisée par les manifestants d’ultragauche : https://www.lci.fr/social/qu-est-ce-que-le-black-bloc-cette-strategie-utilisee-par-les-manifestants-d-ultragauche-2119880.html
Analyse du phénomène Black Blocs dans la cadre des manifestations des Glets Jaunes au 1er mai 2019 : https://www.lejdd.fr/Societe/tactique-symboles-violence-le-phenomene-black-bloc-decrypte-3641291
Les Blacks Blocs au Brésil https://www.lexpress.fr/actualites/1/styles/bresil-les-black-blocs-font-irruption-dans-les-manifestations_1291352.html
Les violences dans les manifestations à Hong Kong : https://www.lemonde.fr/international/article/2020/01/19/hongkong-violents-affrontements-avec-des-policiers-lors-d-une-manifestation-prodemocratie_6026492_3210.html